• « Ça vous fera un total de 45 euros et 5 centimes, merci.
    - Merci à vous. Et vous, dites moi, vous faites dans la vie, à part serveuse ?
    - Je suis architecte d'intérieur, enfin je cherche du travail pour l'instant.
    - AAAAH !! TRES BIEN!!! TRES TRES BEAU METIER!!! MIEUX QUE SERVEUSE!!!!»

    Bon d'accord, "mieux que serveuse" c'est moi qui le rajoute.

    Mais voilà. Ça, c'est le quotidien de beaucoup de jeunes qui font des « petits boulots ». Si ils préparent des études, alors ça va. On évite de faire savoir ce que l'on pense si c'est leur vrai boulot... En général. Sauf pour moi, un jour j'ai demandé ce qu'une serveuse faisait dans la vie, hors mit le Domac, elle m'a répondu, d'un ton plus que gêné que c'était son boulot maintenant, définitif. Putain, elle m'a détesté après. Je crois que j'ai eu ce regard aussi, genre «Sérieux, et t'as pas honte ? Tu le vis bien ? Mais t'es une grosse merde en fait ?». J'ai pas eu besoin de lui dire, elle l'a lu dans mon regard. Putain de regard, je sais tellement pas cacher mes émotions c'est dingue. Bref.

    Mais le problème existe bien. Nous sommes nos compétences. Ceux qui sont au chômage ou demandeurs d'emploi, semblent être inutiles, de vrai boulets. Ceux qui sont caissiers au Domac, n'ont qu'une seule compétence : poser des sandwichs sur des plateaux. Et ça, c'est la façon de penser d'une bonne partie de la populasse. Pas tout le monde, mais pas loin.

    C'est dommage et triste en même temps, parce que chaque métiers comporte son savoir faire et ses difficultés. Être serveur demande des capacités de concentration immenses. Et être caissière au Domac demande beaucoup de dynamisme, de mémoire, de confiance, de gestion du stress, et de patience.

    Et puis tous les boulots participent au fonctionnement et à la construction de la société. Sans serveuse, les resto seraient des cafeterias. Ce serai moins classe quand même!


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  • Synopsis : « À l'aube du XXème siècle, dans une maison close à Paris, une prostituée a le visage marqué d'une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la femme qui rit, la vie des autres filles s’organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs... Du monde extérieur, on ne sait rien. La maison est close. »

    Pour moi ce film est étrange.Il n'y a pas vraiment d'histoire. Il y a cette fille au visage écorché et aux sentiments douloureux. Et il y a les autres filles, et leurs vies, leurs sentiments dans cette maison close. Pourtant, il est accrochant, l'ambiance est calée, l'histoire se pose aussi, et le spectateur prend place dans cet univers particulier. Univers bien travaillé, entre décadence et politiquement correct, entre jeu de séduction, et viol quotidien. Et pour moi, tout repose la dessus : le viol est son ressenti, le viol quotidien, le « professionnalisme du viol ».

    Bertrand Bonello pose ainsi cette question : comment peut on se faire violer au quotidien, et le vivre? Comment gérer ce quotidien ? Quel qutidien?

    C'est la que l'on ressent ce rythme, lourd, décousu, sans queue ni tête, sans temporalité. Parce que le temps n'existe pas. On se lève tard, on vit la nuit et fatiguée... On rêve, on réfléchit, on voit les clients, puis on se sépare, et puis on s'en fout du temps !! Et je crois que ça ça fonctionne bien : on rentre dans la maison close, tellement fermée, que même la notion du temps disparaît...

    L'aspect négatif, c'est le décalage que l'on retrouve entre XXè et le XIXè siècle concernant les prostituées, bien plus joliment voluptueuse, et le choix musical, en décalage là aussi... Est ce alors une volonté de transposer ces codes de beauté contemporains à cette époque pour mieux s'immerger dans l'histoire, ou des indices qui mènent vers l'intrigue finale ?

    Sans ces indices, peut être que la fin paraîtrait gratuite. Il résiderait néanmoins encore ce désir d'échapper à la réalité à travers la maison close...

    A voir, sans aucun doute !


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